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NCIES - Poitiers
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Anna Medici |
Arnaud Billet |
Lors de l’enquête, différents échantillons de sang et de salive ont été retrouvés sur le lieu du crime. Ces échantillons biologiques sont alors envoyés en laboratoire afin d’être analysés.
Les échantillons biologiques peuvent être de différentes natures : sang, cheveux/poils, sperme ou encore petits morceaux de peau. Ces échantillons vont être utilisables s’ils ne sont pas souillés et contiennent des cellules intactes. Ils peuvent alors nous donner différentes indications sur le « donneur » : son origine humaine ou non (sang), les substances ingérées (sang, cheveux) ou encore son empreinte génétique. Cette dernière permettra de confondre ou non un individu en comparant son empreinte génétique à celle de l’échantillon analysé. Il est à noter que toutes les manipulations expliquées par la suite doivent être réalisées en conditions stériles afin d’éviter la « pollution » des échantillons avec le matériel biologique des expérimentateurs.
Mise à part l’analyse ADN qui sera traitée par la suite, le sang peut nous apporter quelques éléments utiles à l’enquête et ce grâce à des techniques simples et peu coûteuses.
Un caryotype (ou caryogramme) est un arrangement de l'ensemble des chromosomes d'une cellule photographiés et disposés selon un format standard. Les chromosomes sont les éléments porteurs de l’information génétique, ils sont donc formés d’une longue molécule d’ADN hautement repliée et associée à des protéines (en particulier des histones permettant le maintien de la forme repliée). Le caryotype permet de détecter le nombre de chromosomes qui est espèce dépendant (23 paires pour l’humain) et le sexe du « donneur » (chromosomes XX pour les femmes et XY pour les hommes). Il permet aussi de détecter des anomalies numéraires (syndrome de Jacob dit XYY) ou des malformations chromosomiques (délétion ou translocation)
Après un prélèvement sur l'individu, ses cellules sont mises en culture in-vitro. On les fait gonfler par une incubation dans un milieu hypotonique puis on étale la suspension cellulaire sur une lame de verre, en vue de l'observation en microscope. Cette préparation est ensuite colorée au Giemsa qui entraîne l'apparition de bandes sombres et claires alternées sur les chromosomes (le "G-banding"). La topographie des bandes est caractéristique d'un chromosome et permet de l'identifier (remarque : les deux chromosomes d'une même paire ont la même topographie de bandes). Les étalements chromosomiques colorés sont ensuite observés au microscope et triés manuellement.
L’analyse immunologique permet grâce à une réaction simple de déterminer si le sang est d’origine humaine ou non, ainsi que le groupe sanguin du « donneur ». Le sang du « donneur » est mis en contact avec un sérum particulier, contenant des anticorps dirigés contre une protéine spécifique d’origine humaine (généralement une antiglobuline). Si cette protéine est présente dans l’échantillon analysé alors il y a agglutination (figure 2). En laboratoire cette expérience est simplifié par l’utilisation de kits.
Dans notre enquête ces deux analyses nous permettent d’affirmer que les taches retrouvées sur le lieu du crime sont bien des taches de sang humain provenant d’un (ou plusieurs) individu(s) de sexe masculin.
L’ADN est le support de l’information génétique. Les molécules d’ADN sont constituées de chaines de nucléotides (=base) organisées en double hélice elle-même organisées en chromosomes, le tout localisé dans le noyau de chaque cellule (figure 3).
L’ADN comporte certaines régions appelées « gènes » codant pour les protéines constitutives de l’organisme. Ces gènes sont constitués d’une suite définit de nucléotides, trois nucléotides formant un « codon » codant pour un acide aminé, les protéines étant une suite d’acide aminé spécifique placés dans un ordre certain (figure 4). Par analogie, les nucléotides peuvent être comparés à des lettres, les acides aminés à des mots et les protéines à des phrases.
L'ADN, outre les séquences codantes pour les protéines, possède des portions ne codant pour aucune structure particulière. Il s’agit des séquences appelées mini- et microsatellites. Celles-ci sont spécifiques à chaque individu et constituent sa « signature génétique ».
Ces régions de l’ADN sont très polymorphes : en effet, le nombre de répétitions est variable pour chaque individu. Parce que les gens n’ont pas le même nombre de répétions, ces régions de l’ADN permettent d'identifier les individus.
Les fragments ainsi amplifiés sont ensuite séparés par électrophorèse (figure 6) puis comparés à d’autres profils génétiques.
Les analyses sanguines permettent de déterminer l’origine humaine ou non d’un échantillon ainsi que son groupe sanguin et son sexe. Les techniques de biologie moléculaire permettent elles de comparer les profils génétiques de deux échantillons.
Dans notre enquête ces analyses ont montrées que les gouttes de sang retrouvées sur le lieu du crime appartenaient à 2 hommes différents dont la victime. La salive retrouvée sur le mégot a été identifiée comme appartenant à une troisième personne. Il y avait donc présence de deux personnes en plus de la victime.
Lors de l’avancement de l’enquête, ces analyses ADN ont permis d’affirmer la présence des deux suspects sur le lieu du crime, ce qui a poussé le meurtrier à avouer son forfait.
Ces types d’analyse utilisés en criminologie sont également utilisés en clinique (Coombs : groupe sanguin, recherche d'incompatibilité foeto-maternelle ; PCR : recherche de maladie génétique…) mais également en recherche (PCR : Affirmer la présence d’une protéine dans un type cellulaire donné…).
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