NCIES - Poitiers
Equipe chimiste - pharmacologue

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Pierrick Gaudin
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Sylvain Keav
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Laure Timperman

I. Introduction : la chimie au service des sciences criminelles

La chimie constitue un atout dans la résolution d’une enquête criminelle, par exemple, afin d’identifier la présence de résidus de tir sur les vêtements d’un suspect. Certaines réactions chimiques permettent également de révéler des numéros de série limés sur des armes impliquées dans des crimes ou sur des moteurs de voitures volées. L’analyse d’échantillons prélevés par la police sur les lieux de crimes, délits ou viols peut permettre de mettre en évidence la présence de certaines substances comme de l’alcool, des médicaments, des drogues ou encore des poisons.

II. Rappel du contexte

Des prélèvements de sang et d’urine ont été effectués sur le corps de la victime puis analysés de manière à déterminer si, avant sa mort, le Président aurait pu ingérer des substances susceptibles d’influencer son comportement.

III. Analyses

Dans un premier temps, une batterie d’analyses qualitatives a été effectuée. Parmi celles-ci, un test rapide de dépistage par bandelettes commerciales a permis de mettre en évidence la présence de composés de type benzodiazépine dans les échantillons d’urine. Les benzodiazépines sont une famille de substances en général employées comme tranquillisant et possédant des propriétés sédatives, hypnotiques (facilitant le sommeil), anti-convulsivantes ou amnésiantes (inhibant la mémoire). Elles ont pour effets secondaires de fatiguer la personne et de réduire son attention et sa concentration. Leur mélange avec l’alcool est fortement déconseillé car ce dernier exalte leur effet sédatif.

Afin d’identifier clairement la molécule mise en cause et de déterminer sa concentration dans les prélèvements, une technique d’analyse avancée a été mise en œuvre : la chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (Fig 1).

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Figure 1. Chromatographe en Phase Gazeuse couplé à un spectromètre de masse.

La chromatographie en phase gazeuse est une méthode de séparation des différents constituants d’un mélange. Ce dernier est entrainé au travers d’une colonne, dont la surface interne est recouverte d’une phase dite stationnaire. Selon leur affinité avec cette « phase stationnaire », les différents constituants du mélange sont plus ou moins retenus par celle-ci et sont alors séparés. Dans des conditions expérimentales identiques, un composé donné met toujours le même temps à traverser la colonne.

La séparation des composants du mélange ayant été rendue possible grâce à la chromatographie, leur identification peut être réalisée par spectrométrie de masse. Cette technique repose sur le découpage de chaque molécule en de nombreux fragments qui sont ensuite séparés et classés en fonction de leur masse par un système d’analyse et de détection. À partir des données obtenues, il est possible de remonter à la structure du composé de départ.

La présence d’éthanol, molécule de la famille des alcools que l’on retrouve dans toutes les boissons alcoolisées, a également été détectée dans les échantillons de sang grâce à des analyses similaires.

IV. Conclusion

Les techniques d’analyse mises en œuvre ont donc permis d’isoler et d’identifier une substance de la famille des benzodiazépines. Aucun médicament employant cette molécule comme principe actif n’a pu être retrouvé chez la victime, qui par ailleurs ne suivait aucun traitement connu pour le sommeil : le Président aurait-il pu être drogué ?


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