Démonstration de la Proposition fondamentale du cryptage RSA.
La compréhension de ce qui suit nécessite des connaissances en théorie des groupes. Commençons par un petit lemme qui se révélera très utile :
Lemme 0.1. Soient G un groupe fini d’ordre n et d,e deux entiers tels que
ed ≡ 1 mod (n). Alors les applications
sont inverses l’une de l’autre.
Démonstration : Il s’agit de vérifier que xed = x ∀x G. Comme ed ≡ 1 mod (n),
il existe k ℕ tel que ed = 1 + kn. Ainsi
car
d’après le théorème de Lagrange, xn = 1. On a donc le résultat voulu. □
Notations : Nous disposons de deux nombres premiers p et p. On note
Soit
G = (ℤ∕mℤ) le groupe des inversibles de ℤ∕mℤ. On sait que le cardinal de
G est ♯G = φ(m) = (p - 1)(q - 1), où φ est l’indicateur d’Euler. On pose
donc
On
choisit enfin e et d tels que
Proposition 0.2. Les applications
sont réciproques l’une de l’autre.
Démonstration : Nous devons vérifier que
Soit
donc x ℤ∕mℤ. Nous allons procéder par étapes :
- Si x =
dans ℤ∕mℤ. Il faut montrer que ed = , c’est à dire que ped ≡ p
mod (pq). ∙ Il est clair que ped ≡ p mod p (car ped - p est divisibe par p). ∙ Soit la classe de p dans ℤ∕qℤ. Comme p et q sont premiers entre eux,
(ℤ∕qℤ). Or ed ≡ 1 mod ((p - 1)(q - 1)), donc a fortiori ed ≡ 1
mod (q - 1). On peut donc appliquer le lemme à G = (ℤ∕qℤ), ce qui
donne que ( )ed = , c’est à dire que ped ≡ p mod q.
On a donc montré que ped ≡ p mod p et ped ≡ p mod q. Or p et q étant
premiers entre eux, cela implique (conséquence du théorème de Gauss) que
ped ≡ p mod (pq), ce qu’il fallait démontrer.
- Si x =
dans ℤ∕mℤ, alors qed ≡ p mod (pq) par symétrie des rôles de p
et q, c’est à dire xed = x.
- Si x et y vérifient (⋆), alors xy également. En effet, comme xed = x et
yed = y,
(tout est commutatif).
- D’après le lemme, (⋆) est vérifiée pour tout x
(ℤ∕mℤ) ⊂ (ℤ∕mℤ)
(puisque ce groupe est d’ordre n).
Montrons maintenant que (⋆) est vérifiée pour tout x ℤ∕mℤ. Soient x ℤ∕mℤ et a ℤ
tel que x = (dans ℤ∕mℤ). Alors a se décompose sous la forme
Alors
- On a vu que
vérifie (⋆) et donc, d’après ce qui a été dit concernant le
produit d’éléments vérifiant (⋆), ( )α vérifie (⋆).
- De même, (
)β vérifie (⋆).
- Enfin, comme b ∧ (pq) = 1,
 (ℤ∕mℤ), et vérifie (⋆).
Conclusion : x s’écrit comme produit d’éléments vérifiant (⋆), ce qui prouve que x vérifie
lui même cette relation, c’est à dire que xed = x dans ℤ∕mℤ. □
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